Solid Objects by Sanna Marander

January 24, 2012
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The project « Solid Objects » is lodged in a certain museum tradition, which is put in place by potential players who make and build collections and their underlying strategies. “To reference the American artist Allan Kaprow, the objects in the collection contain ’stored code’. To decipher them requires an engineered confusion between histories, roles and disciplines, an unorthodox predisposition which Kaprow called ’signal scrambling’.” (Allan Kaprow, Essays on the Blurring of Art and Life, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1993; quoted in Object Atlas, Fieldwork in the Museum, Weltkulturen Museum Frankfurt, ed. Kreber, 2012, p. 23.). This science of identification, enhancement and classification is also associated with taxonomic biology and its particular modes of classification which the artist Sanna Marander diverts into a graphic form in posters and covers for imaginary books which are inspired by objects found and chosen with delight. The «Solid Object » project is not just an exhibition but a multitude of activities that circle around this potential collection of gathered objets. As such a blog (www.solid-objects.tumblr.com) individually compiles the accumulated elements as well as the infinite combinations of associated posters and book covers. The posters which are made are therefore signifying cultural elements constructed by the artist in accordance with each moment or encounter. This tends to give a certain perspective on the great authoritarian machine of the cultural industry and the objects which are the vehicle for such particular relations.

The artist Sanna Marander has been inspired by Virginia Woolf’s (1888-1941) “Solid Objects”, a short story written in 1920 about John, a member of Parliament, and Charles, his confident and friend. John finds a lump of glass on the beach and wonders how on earth it could have got there. He keeps it and, to his friend’s amazement, brings it home like a treasure. Unrelentingly, John searches with his walking stick for special objects in detritus on the ground. In one of the most brilliant parts of the story, John tells his friend Charles that he is merely starting a new career that brings him the greatest joy. In London, John pursues his quest for objects which according to him have greater value than all of his work. Any rationality is considered by the author as highlighting the rejection John experiences as the outside world stops paying any attention to him. Curiously, the author shares this story with us whereas the principal protagonist begins the greatest retreat. Through this story, Virginia Woolf – and therefore the artist who is re-appropriating it – points to the fact that no life choice is necessarily more pathological than choosing to work in politics, as John would come to say. The implicit meaningfulness of this short story, along with the fact that as a piece of literature it entered the public domain this year, led Sanna Marander to apply a methodological and uninhibited process of transposition of this story to our civilisation which prefers to keep certain things and objects rather than others. How can a found object with no apparent identification gain added value ? How does an object become art and why ? How are choices of preservation made and what are the criteria ? How can the public sphere which belongs to one and all be a place for the study of these objects ? For a while now, Marander has come to collect objects which are practically unidentifiable, found here and there, from Stockholm to Saint-Ouen and in the entire Paris region, and which could fit in the pockets of her clothing. Thus the artist’s daily gestures echo the renowned specificity of the town of Saint-Ouen and its world reputed flea market based on vintage chiffon collectors and the salvaging of materials and antiques. Within this territory, if you come after the market closes you can discover numerous corners with such objects which have potentially been left by the very actors of this taxonomy of recycled objects that have found no buyer.

Finally, Sanna Marander questions the particular, and even perhaps ontological, relation one can have which these objects and which, when displaced to another context, take on a completely other meaning and potentially enter another cultural value system with new displacements from one field to another.

Cécile Bourne-Farrell, 24 January 2012 (text translated by Caroline Hancock)

Sanna Marander, born 1977 in Helsingborg, Sweden. Her work has been shown in Vistamare in Pescara, (2008 and 2010), Flux Laboratory in Geneva,(2008), C Bass & Co in Beacon, New York (2011), and in group exhibitions at Kunstlerhaus Bregenz (2010), George Kargl Gallery, Vienna (2010), Para Site Art Space, Hong Kong (2010), Museo Maga, Gallarte, Italy (2011), EX3 Center for Contemporary Art, Florence (2012). She published an artist’s book titled catalogue in 2009 with MER Paperkunsthalle, Ghent, Belgium.

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Le projet « Solid Objets » s’inscrit dans une certaine tradition muséographique, réalisée par des acteurs potentiels qui font et construisent les collections et les stratégies qui les sous-tendent. Pour l’artiste américain Allan Kaprow, les objets dans une collection contiennent des codes qui pour être déchiffrés exigent un ensemble ingénieux de croisements entre les histoires, les rôles et les disciplines de ces signaux mélangés (Allan Kaprow, Essays on the Blurring of Art and Life, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1993 ; quoted in Object Atlas, Fieldwork in the Museum, Weltkulturen Museum Frankfurt, ed Kreber, 2012, p. 23.) . Cette science de l’identification, de la mise en valeur et de la classification est aussi associée à la biologie taxinomique qui fait référence à des schémas particuliers de classification que l’artiste Sanna Marander détourne par la mise en forme graphique de posters et de couvertures de livres imaginaires conçus par rapport à des objets trouvés et choisis avec délectation. Le projet « Solid Objects » ne constitue pas seulement une exposition, mais une multitude d’activités qui entourent cette collection potentielle d’objets récoltés. Un blog compile ainsi individuellement les éléments accumulés ainsi que les infinies combinaisons de posters et couvertures de livres qui sont associées à ces objets trouvés. Les posters réalisés sont donc des éléments culturels de signification que l’artiste construit au gré du temps et de ses rencontres qui mettent en perspective la grande machine autoritaire de l’industrie culturelle et les objets qui sont les véhicules de ces relations particulières.

L’artiste Sanna Marander s’est inspirée d’une histoire de Virginia Woolf (1888-1941) intitulée « Solid Object »1 qui raconte en quelques mots, l’histoire de John qui est un membre du Parlement et de Charles, son confident et ami. John trouve une pièce en verre sur la plage qui brille et se demande comment elle a bien pu arriver là ? Il la prend et à la surprise de son ami, l’amène à la maison et la garde comme un trésor. Sans relâche, John cherche dans les poubelles avec sa canne des objets spéciaux. Dans une des scènes les plus brillantes de cette courte nouvelle, John dit à son ami Charles qu’il ne faisait que commencer une nouvelle carrière qui lui procure les plus grandes émotions. John poursuit ses recherches dans Londres pour trouver des objets, qui selon lui, ont une plus grande valeur que tout son travail. Toute rationalité est vue par l’auteure comme une mise en relief de l’abnégation vécue par John du monde extérieur qui ne lui prête plus aucune attention. Curieusement, l’auteure nous fait part de cette nouvelle, alors que le protagoniste principal esquisse le plus grand repli. En partageant cette histoire, Virginia Woolf et au travers de la ré-appropriation de cette nouvelle par l‘artiste nous renvoie au fait que comme aime à le dire John « tout choix de vie n’est pas forcément plus pathologique que celui de l’exercice de la politique ».

La portée implicite de la nouvelle et aussi le fait que cette œuvre littéraire est depuis cette année libre de droit a ainsi été pour Sanna Marander un procédé méthodologique pour transposer sans retenue cette histoire à celle de notre civilisation qui préfère garder certaines choses et objets plutôt que d’autre. Comment un objet trouvé sans identification apparente peut prendre ainsi une valeur ajoutée ? En quoi, justement l’objet fait œuvre et pourquoi ? Comment les choix de conservation se font-ils et selon quels critères ? En quoi l’espace public qui est à tous et à chacun peut-il être un lieu d’étude de ces objets ? Elle en est venue elle aussi, depuis un certain temps à collecter des objets difficilement identifiables qu’elle a glané ici et là, de Stockholm à Saint-Ouen et dans toute l’Ile de France qui peuvent entrer dans la poche d’un vêtement. Les gestes du quotidien de l’artiste ont ainsi à voir avec ce qui fait la renommée de notre ville de Saint-Ouen dont la réputation mondiale des Puces est basée sur les collecteurs chiffons, les récupérateurs de matériaux et d’antiquités. Dans ce territoire, il suffit aussi de venir après la fermeture du marché pour découvrir qu’il y a bien des recoins qui regorgent des ces objets potentiellement laissés aussi par les propres acteurs de cette taxinomie d’objets recyclés qui n’ont pas trouvés preneurs.

Enfin, Sanna Marander questionne le rapport particulier voire ontologique que l’on peut avoir avec ces objets et qui, s’ils sont déplacés dans un autre contexte prennent une tout autre signification et rentrent alors potentiellement dans un autre système de valorisation culturelle et de déplacement d’un champs à un autre.

Cécile Bourne-Farrell, 26 janv.2012

Sanna Marander, née 1977 à Helsingborg, en Suède. Son travail a été montré à Vistamare à Pescara, (2008 et 2010), Flux Laboratory in Genève,(2008), C Bass & Co in Beacon, New York (2011), et expositions collectives à la Kunstlerhaus Bregenz (2010), George Kargl Gallery, Vienne (2010), Para Site Art Space, Hong Kong (2010), Museo Maga, Gallarte, Italie (2011), EX3 Center for Contemporary Art, Florence (2012). Elle a publié un livre d’artiste intitulé catalogue en 2009 par MER Paperkunsthalle à Gand en Belgique.

Le Lavomatique Studio est l’atelier de production de Seamus Farrell qui le met à disposition pour des propositions artistiques inédites liées à au contexte où il se trouve. Cet espace non profit est géré en collaboration avec l’association Chooseone.org.

↑ 1écrite en 1920 et dont la traduction en français est «  »Objets Massifs – Une maison Hantée »

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