Diffracted Self with Younes Baba-Ali, Lucile Bertrand, Cathryn Boch and Michèle Magema
Diffracted Self with Younes Baba-Ali, Lucile Bertrand, Cathryn Boch and Michèle Magema
The exhibition ‘Diffracted Self’ prompts a reflection on the stakes brought about by memory, identity, and exposure in a world stained by conflicts. In the face of these troubling realities, our understanding of the world often seems to be diffracted, as if we were the witnesses of intertwining historic and contemporary resonances.
Four artists explore this complex theme each in their own way, highlighting the memory of people rendered invisible by unresolved geopolitical conflicts. The works of Lucile Bertrand, Michèle Magema, Cathryn Boch and Younes Baba-Ali make us question our relationship to history and to the Other, all the while reminding us of the importance to give visibility to what often remains in the shadows.
Lucile Bertrand, through her polymorphic corpus, engages the viewer with her video titled ‘amnesia’. By using a split screen process, she presents texts in twelve languages written by authors who share a traumatic past. These written accounts raise profound questions about voluntary forgetting and denial of extreme violent acts such as genocides and land grabs. Lucile Bertrand reflects on the recollection of localities left behind and, on the difficulty to remember when the access to archives and to one’s homeland is lost. How to render the invisible visible and heal traumas? These interrogations resonate with Ariella Aïsha Azoulay’s concern that access to the archives of memory is a power struggle.1
Michèle Magema presents Invisible Portraits, a series of five black-and-white photographs in which the artist stages herself with the performative intention of embodying the individual histories of five men and women of Congolese origin by wearing the plaster imprint of their faces on her own. Born between 1950 and 1960, their lives have been marked by exile and the need to assimilate in their host countries. By wearing the faces of individuals that she associates with a « borderline generation – a hyphenated generation », Magema becomes the unifying link between these different silent identities.
Social injustice and the invisibility of migrants are also central to the work of Cathryn Boch. She examines ways in which our society organises an underestimation through indifference which invalidates the process of recognition necessary to personal emancipation. Cathryn Boch is active in collectives which support migrant women, seeking to render visible what is often rendered invisible. She reminds us that « denying the other his social visibility means denying him social value »2. This determination to confer visibility to those who are relegated to the margins is essential in a world where indifference has destructive effects.
Lastly, Younes Baba-Ali explores themes of hyper-visibility and identity through his performative stagings. In his series of portraits, he photographs migrants wearing clothes with the inscription « Italia » or the Italian flag. The clothing choice becomes a form of desire, conscious or not, of assimilation to the local culture. Younes Baba-Ali brings to light ways in which these identities are altered and diffracted, revealing tensions between aspiring to recognition and the harsh reality of capitalism and social indifference.
The four artists reveal the complexity of contemporary identities shaped by history and power plays. In a context where “peace seems to be the exception”3, the assertion of Susanne Sontag particularly resonates in our current time where conflicts are pervasive. If the artist’s role is not the one of the therapist or of the ethnologist, it resides in the ability to place acts in the gaps of reality by providing us with alternative emotional and cognitive associations to navigate the complexities of our times.
– Cécile Bourne-Farrell (curator)
References
1 ‘Potential History, Unlearning Imperialism’, 2019, ed. Versobooks
2 Cynthia Fleury , ‘La Fin du Courage’, ed. p.62
3 ‘Regarding the Pain of the Others’ (Devant la Douleur des Autres), ed Penguin Books 2003, p.66
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https://irenelaubgallery.com/news_exhibitons/diffracted-self/
Opening Thursday 07.11, 5pm – 9pm Exhibition until Saturday 21.12 Location Irène Laub gallery 29 rue Van Eyck 1050 Brussels (BE)
Diffracted Self avec Younes Baba-Ali, Lucile Bertrand, Cathryn Boch et Michèle Magema
L’exposition ‘Diffracted Self’ à la galerie Irène Laub nous invite à réfléchir sur les enjeux de la mémoire, de l’identité et de la visibilité dans un monde marqué par les conflits. Face à ces réalités troublantes, notre compréhension du monde semble souvent diffractée,comme si nous étions témoins de résonances historiques et contemporaines qui s’entrelacent.
La galerie Irène Laub présente ainsi quatre artistes qui explorent cette thématique complexe, chacun à sa manière, en mettant en lumière la mémoire des personnes rendues invisibles par les conflits géopolitiques non résolus. Lesœuvres de Lucile Bertrand, Michèle Magéma, Cathryn Boch et Younes Baba-Ali nous poussent à questionner notre rapport à l’histoire et à l’autre, tout en nous rappelant l’importance de rendre visible ce qui est souvent laissé dansl’ombre.
L’artiste Lucile Bertrand, à travers son œuvre polymorphe, interpelle le spectateur avec sa vidéo intitulée ‘amnesia’. Utilisant le procédé du split screen, elle présente des textes en douze langues, écrits pardes auteur·ices partageant un vécu traumatique. Ces écrits soulèvent des questions profondes sur l’oubli volontaire et le déni des violences extrêmes, telles que les génocides et les spoliations de territoires. Lucile Bertrand nous pousse à réfléchir sur la mémoire des lieux laissés derrière soi et sur la difficulté de se souvenir lorsque l’accès aux archives et à son pays d’origine est perdu. Comment rendre visible l’invisible et cicatriser les traumas ? Ces interrogations résonnent avec la pensée d’Ariella Aïsha Azoulay[1],qui souligne que l’accès aux archives de la mémoire est un enjeu de pouvoir.
Michèle Magema présente 'Portraits invisibles', une série de cinq photographies en noir et blanc dans lesquelles l'artiste se met en scène avec l'intention performative d'incarner les histoires individuelles de cinq hommes et femmes d'origine congolaise en portant sur elle l'empreinte en plâtre de leurs visages. Nés entre 1950 et 1960, leurs vies ont été marquées par l'exil et la nécessité de s'assimiler dans leurs pays d'accueil. En portant les visages d'individus qu'elle associe à une « génération frontière - génération trait d'union », Magema devient le lien unificateur entre ces différentes identités silencieuses.
L’injustice sociale et l’invisibilité des personnes migrantes sont également aucœur du travail de Cathryn Boch. Elle examine comment notre société, à travers l’indifférence, organise une mésestime qui invalide le processus de reconnaissance nécessaire à l’émancipation personnelle. Cathryn Boch s’engage dans des micro-gestes auprès de collectifs qui soutiennent les femmes migrantes, cherchant à rendre visible ce qui est souvent invisibilisé. Elle rappelle que « refuser à l’autre sa visibilité sociale, c’est lui refuser une valeur sociale »[2].Cette détermination à offrir une visibilité à ceux qui sont marginalisés est essentielle dans un monde où l’indifférence peut être dévastatrice.
Enfin, Younes Baba-Ali explore des thématiques d’hyper visibilité et d’identité à travers ses mises en scène performatives. Dans sa série deportraits de pieds, il photographie des migrants portant des vêtements arborant l'inscription "Italia" ou le drapeau italien. Ce choix vestimentaire devient une forme de désir, conscient ou inconscient, d’intégration à la culture locale. Younes Baba-Ali met en lumière la manière dont ces identités sont altérées et diffractées, révélant les tensions entre l’aspiration à la reconnaissance et les réalités du capitalisme sauvage et de l’indifférence sociale.
En somme, ces artistes, chacun à leur manière, révèlent la complexité des identités contemporaines façonnées par l’histoire et les dynamiques de pouvoir. Dans un contexte où « la paix semble être l’exception »[3],l’assertion de Susanne Sontag, résonne particulièrement dans notre époque actuelle, où les conflits sont omniprésents. Si la place de l’artiste n’est pascelle du thérapeute ou de l’ethnologue, elle réside dans la capacité à poser des actes dans les interstices de la réalité en nous offrant des associations émotionnelles et cognitives alternatives pour naviguer dans les complexités de notre époque.
Cécile Bourne-Farrell,
07/11/2024
[1] ‘PotentialHistory, Unlearning Imperialism’, 2019, ed. Versobooks
[2] Cynthia Fleury , ‘La Fin du Courage’, ed. p.62
[3] ‘Regardingthe Pain of the Others’ (Devant la Douleur des Autres), ed Penguin Books2003, p.66
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https://irenelaubgallery.com/news_exhibitons/diffracted-self/
Opening Thursday 07.11, 5pm – 9pm Exhibition until Saturday 21.12 Location Irène Laub gallery 29 rue Van Eyck 1050 Brussels (BE)